L’arbre béni
Il était une fois, dans une forêt, un arbre ne pouvait plus communiquer avec ses semblables. Il voulait parler aux êtres humains .Il s’est réimplanté face à une prison en vue de comprendre le sens de la liberté. La première chose qu’il a apprise, c’est que les gens quand ils entrent en prison, c’est qu’ils ont perdu leur liberté. Mais ce qui a le plus attiré son attention, c’est que la famille qui accueille un de ses membres libéré, à la porte de la prison, le supplie de ne pas se tourner. En communiquant avec des êtres humains, l’arbre leur demanda- t-il : pourquoi prie t-on un prisonnier fraîchement libéré de ne pas se tourner vers la prison qu’il vient de quitter ? Ses interlocuteurs lui répondent qu’il s’agit d’un signe de liberté retrouvée et que le fait de se tourner vaudrait un retour en prison.
L’arbre domine toute la prison. Un jour il voulait converser avec deux prisonniers isolés, chacun dans sa cellule. L’un est en grève de la faim depuis presque deux mois. Il est plutôt proche de la mort que de la survie. L’autre est gravement malade. Qu’avez-vous fait pour être emprisonnés ? leur demanda-t-il. La même réponse qu’il a reçue des deux jeunes privés de leur liberté. Nous pensons librement. Comment ? réplique l’arbre. Nous avons pris le même risque que Socrate, de dire la vérité, répondent-ils. A partir de ce moment, l’arbre s’est sympathisé avec ces deux prisonniers exceptionnels. Les trois sont donc devenus amis.
L’arbre n’a cessé d’étendre horizontalement ses branches depuis qu’il a été informé que la famille et les amieEs de la liberté allaient organiser un sit-in en signe de protestation contre la rétention des deux prisonniers victimes de la vérité. C’était un grand plaisir que cet arbre couve ce beau monde venu dénoncer l’injuste. Son ombre active l’ambiance d’aller plus loin jusqu’à ce que justice soit faite. Plus les branches se déploient, plus les voix s’amplifient.
La réputation de l’arbre béni dépasse les frontières. Tout le monde en parle, les réseaux sociaux se partagent son histoire. Même la presse internationale en a fait un sujet de l’un de ses éditos. L’arbre béni a semé la zizanie. Comment se fait-il qu’un intrus qui n’est autre qu’un arbre dispose de ce chakra ? Est-il concevable qu’une plante transgresse la structure et se solidarise avec la vérité ? Sentant le simulacre du danger planer au-dessus de la cité, la déraison n’a trouvé qu’une solution : anéantir cette complicité entre la branche et la plume. Il faudrait donc aiguiser toutes les haches de la ville.
La tristesse envahit le sit-in car l’ombre de l’arbre béni n’est plus et la perte d’une solidarité enquête de liberté a fait mal à la vérité.
Pour la liberté de la presse.